Marcel Pagnol, l’âme de la Provence – Biographie
Enfant d'Aubagne, parti à Paris où il devient un dramaturge à succès, puis un réalisateur accompli, Marcel Pagnol n'a jamais oublié ses racines provençales. C'est bien la Provence, ses couleurs et ses habitants qui donnent le ton de toutes ses œuvres, de ses premières pièces parisiennes à ses derniers récits. Nous vous proposons aujourd'hui de découvrir la biographie de Marcel Pagnol, le dramaturge, le réalisateur et l'auteur provençal du XXème siècle par excellence.
« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers ». Marcel Pagnol naît le 28 février 1895, de l’instituteur Joseph Pagnol, et d’une mère couturière, Augustine Lansot. Ses parents s’installent à Marseille peu de temps après sa naissance, quand son Joseph Pagnol devient instituteur titulaire à l’école du Chemin des Chartreux. La santé d’Augustine est fragile, ce qui oblige les Pagnol à louer pour les vacances une villa dans les collines qui bordent le village de La Treille. Cette maison, la Bastide Neuve, est le cadre idyllique des Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol (La Gloire de mon père, Le château de ma mère, Le temps des secrets, Le temps des amours), sans doute ses romans les plus célèbres.
Marcel Pagnol et le théâtre
Marcel Pagnol obtient son baccalauréat en 1913 et entre en khâgne à l’université d’Aix-en-Provence. En 1916, il part avec sa femme Simonne Collin, épousée en mars, et enseigne l’anglais au collège de Digne, au collège de Tarascon ou encore au collège Pamiers-sur-Ariège. Après la guerre, il rejoint le lycée Condorcet à Paris, toujours comme professeur d’anglais, et obtient ses premiers succès au théâtre : Les Marchands de Gloire, puis Jazz le font connaître. En 1927, il quitte l’Éducation Nationale et se consacre entièrement au théâtre. Topaze (1928) le consacre aux yeux du public parisien. Pagnol est alors un dramaturge reconnu, qui s’entoure d’acteurs prometteurs, comme son congénère Raimu, Jules Muraire, lui aussi fraîchement monté de Marseille. En 1929, ils montent Marius au Théâtre de Paris : c’est un triomphe immense. Le théâtre de Marcel Pagnol célèbre Marseille, ses couleurs et ses accents dans des vaudevilles modernes qui tous sont acclamés à Paris.
Pagnol au cinéma
Après le théâtre, Pagnol choisit de se consacrer au cinéma, qu’il considère comme la forme la plus adaptée aux histoires qu’il souhaite raconter. « Un cinéma qui peut parler, on ne le fera plus taire. C’est un art nouveau qui vient de naître. Un art complet. ». Il devient scénariste pour Alexander Korda, alors réalisateur vedette de la Paramount, le célèbre studio de production, avec lequel il tourne son premier film, Marius. Il adapte ensuite ses pièces lui-même. Ses films Fanny et César sont sont de véritables triomphes. Il s’attaque ensuite à l’œuvre d’un autre provençal, Jean Giono, avec Angèle, dans laquelle il fait rayonner Orane Demazis, sa nouvelle compagne. La Seconde Guerre Mondiale éclate, le sépare d’Orane et l’oblige à interrompre sa production cinématographique pour un temps.
L’après-guerre : Marcel Pagnol, Immortel à l'Académie française
Pagnol reçoit la consécration suprême en 1946, quand il est élu à l’Académie Française. Il est le premier cinéaste à recevoir cet honneur. Au sortir de la guerre, le cinéma américain a imposé sa marque en France : les films gagnent en rythme et en action ce qu’ils perdent en dialogues. Les plus belles années de sa carrière de réalisateur sont derrière lui… La mort de son ami Raimu, en 1946, est un choc pour Pagnol, qui dit perdre « un père, un frère et un fils […] à la fois ». Il réalisera encore quelques films dans les années suivantes, avec moins de succès qu’avant la guerre : Topaze, adapté de sa pièce avec Fernandel dans le premier rôle, Manon des Sources, La Belle Meunière, avec sa femme Jacqueline.
Marcel Pagnol, un écrivain tardif
Alors que son cinéma s’essouffle et attire de moins en moins de spectateurs, Marcel Pagnol se reconvertit en écrivain. Il se replonge dans son passé et en tire une série de quatre romans mythiques : La Gloire de mon Père, Le Château de ma Mère, Le Temps des Secrets et Le Temps des Amours. Ces livres, librement inspirés de ses jeunes années, de sa famille, de ses vacances à la Bastide Neuve, obtiennent immédiatement un succès retentissant. Toute l’âme provençal du début du XXe siècle est contenue dans chaque page de cette œuvre en quatre tomes. De la vie de village aux légendes locales, rien ne manque aux souvenirs du jeune Marcel. Il raconte ses parties de braconnage avec son ami Lili des Bellons dans les collines, son premier amour déçu avec Isabelle, son entrée au lycée. La série des Souvenirs d’enfance s’achève avec Le Temps des Amours, publié à titre posthume. Marcel Pagnol s’éteint en 1974 à Paris. Il est enterré au cimetière de La Treille à Marseille, près de son père Joseph, de sa mère Augustine et de sa fille Estelle.
A sa mort, Marcel Pagnol est considéré comme l’un des grands auteurs de France et de Provence. Par ses pièces, ses films, puis sa série des Souvenirs d’enfance, l’auteur marseillais a créé des personnages mythiques : Jean de Florette, Manon des Sources, César, Panisse, Escartefigue, Fanny, Marius et tant d’autres. Sous sa plume, on sent renaître l’âme de Marseille et la culture provençale. Aujourd’hui encore, l’œuvre de Marcel Pagnol, ses livres et films, sont un symbole de l’âme provençale du XXe siècle et font de Pagnol un écrivain et un cinéaste français unique.
Aujourd’hui, 67 000 établissements publics portent son nom (école, collège, lycée, espace culturel, etc), preuve, s’il en fallait, qu’il figure parmi les français illustres du XXe siècle.
Depuis le 1er juillet 2021, Rocher Mistral propose des adaptations de Marcel Pagnol dans ses spectacles La source des querelles et Au bar de la Marine.
Quelques citations de Marcel Pagnol :
« L’âge de mon père, c’était vingt-cinq ans de plus que moi, et ça n’a jamais changé. L’âge d’Augustine, c’était le mien, parce que ma mère, c’était moi, et je pensais, dans mon enfance, que nous étions nés le même jour. » , La Gloire de mon Père.
« Il se peut que tu aimes la marine française… mais la marine française te dit merde. », Marius.
« Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n’est pas la peine de jouer aux cartes. », Marius.
« Ce n’est pas en ouvrant la gorge d’un rossignol que l’on découvrira le secret de son chant. »
« C’est pas moi qui pleure! C’est mes yeux. », Jean de Florette
« Les serments, comme les personnes, perdent leur force en vieillissant. », Le Temps des Amours
« La preuve que Dieu est l’ami des joueurs de boules, c’est que les feuilles des platanes sont proportionnées à la force du soleil. », Le Temps des amours
« De mourir, ça ne me fait rien. Mais ça me fait peine de quitter la vie. », César